Autriche
swapped my innocence for pride
▬ INFO DE BASE. ◆ NOM & PRÉNOMS ✯ Roderich Edelstein ◆ SURNOMS ✯ Rod, Roddy, Edelstein, "Monsieur vous n'avez pas le droit d'utiliser ce piano". ◆ ÂGE ✯ 19 ans. ◆ SEXE ✯ Masculin. ◆ ANNIVERSAIRE ✯ Le 26 octobre. ◆ ORIENTATION SEXUELLE ✯ Certaines filles et certains garçons correspondent à ses critères de sélection. Bien qu'il se soit fait une raison à ce sujet au lieu de le nier ad infinitum, il est bien trop réservé à ce sujet pour utiliser le terme bisexuel. Oui, parce qu'il y a 'sexuel' dedans. Ne rigolez pas derrière. ◆ NIVEAU SCOLAIRE ✯ 19-23 - Supérieur ▬ DERRIERE VOTRE PC. ◆ PSEUDO ✯ Carmine/Claire ◆ ÂGE ✯ Trop vieille pour ça--ouais non. ◆ COMMENT AVEZ-VOUS CONNU LE FORUM ? ✯ Je suis une vieille de la vieille ◆ DES COMMENTAIRES ? ✯ Ceci est un reboot à moitié de Rod. Je m'explique. J'ai décidé que certains éléments de son RP des derniers mois ne lui ressemblaient plus trop, et je n'aimais plus trop jouer ce qu'il était devenu, le trouvant vaguement OOC et aussi plus marrant à jouer. Il fallait du neuf! Donc certains éléments de cette histoire récente (et certaines relations) vont disparaître. Et d'autres resteront. Son attitude change aussi un peu...pour faire bouger les choses! Je compte faire un nouveau JI pour re-raconter un peu les épisodes précédents. Désolée d'être partie aussi longtemps à cause de ça! | |
▬ POUR MIEUX VOUS CONNAÎTRE.
◆ PAYS QUE VOUS REPRÉSENTEZ ✯ La République d'Autriche.
◆ LANGUE QUE VOUS PARLEZ ✯ L'allemand autrichien (qui ressemble à peu de choses près à l'allemand d'Allemagne et de Prusse...il a simplement un accent particulier et plusieurs mots sont différents), l'anglais, un peu de hongrois (que des phrases fort peu pratiques, étrangement) et un peu d'italien (partager une frontière menant à un enseignement fréquent de l'italien en Autriche et une passion pour l'opéra aidant).
◆ HISTOIRE PERSONNELLE ✯ Il était une fois un petit aristocrate dont la vie était déjà entièrement tracée. C’était la raison pour laquelle il était né. C’était la raison pour laquelle ses parents s’étaient penchés sur son berceau et avaient vu en lui tout ce qu’il allait devenir. Tout ce qu’il devait devenir. Son destin, en quelques paroles prononcées par la mère d’un air satisfait, non dépourvu de fierté (parce que ce petit être humain, c’est grâce à elle et à son mariage parfaitement bien orchestré qu’il avait été créée):
"Il fera un parfait héritier."
Ce n’était pas une hypothèse mais une déclaration, tel un commandement divin. Car oui. Déjà tout rouge, tout fripé et hurlant le fait qu’il existait à la face du monde, il n’avait déjà pas le choix. Hurle bien, petit aristocrate. Parce qu’il s’avère qui hurler, tu n’auras pas l’occasion de le faire souvent pendant ta vie. Oh, non pas parce que tu n’en es pas physiquement capable. Mais ton éducation te l’interdira. Ces principes qui l’on forcera dans ta tête année après année t’en empêcheront. Hurler de douleur, de colère, ou de joie deviendra tout simplement…impensable.
Cela, le petit autrichien commença à l’apprendre bien assez tôt, dès l’instant qu’il commença à grandir au sein de cette noble famille Edelstein.
Dans ce grand manoir aux intérieurs rutilant de marbre et de soie, de peintures anciennes et de tapisseries poussiéreuses. Bruissement de domestiques qui allaient et venaient. Un bastion de l’Ancien Monde pour une famille de l’ancienne haute aristocratie de Vienne. Un monde depuis longtemps révolu, auquel on s’accroche avec persistance…dans lequel les survivants d’une certaine tradition arrivent à se donner une raison d’exister, au milieu des mondanités et des intrigues de famille. Certes, les anciens titres de noblesse de la famille, vieux de plusieurs siècles auparavant n’offraient plus de privilèges dans ce monde moderne, mais ils pouvaient se consoler avec un prestige ancestral et…ah oui, une fortune considérable.
Etrange, démodé, obsolète ? Peut-être. Certaines organisations utilisent la force et la menace. On a tendance à les traiter de mafieux. Certains utilisent leurs charmes et la manipulation. On a tendance à les traiter d’arrivistes. Et certains utilisent l’étiquette et les mariages. Bienvenue chez les aristocrates. Un monde certes oublié, mais pas plus ou moins "amoral" ce que ce tout le monde fait encore de nos jours. Ce qu’humains et nations désirent généralement. Leur expansion territoriale. Le pouvoir. La gloire.
L’honneur.
"Mutter...?" Il tirait sur sa manche. "J'ai des rêves bizarres en ce moment. Ils font peur."
L’honneur. La mémoire. N’était-ce pas des qualités admirables, que de bien connaître son Histoire ? Mais récemment le petit Edelstein avait l’impression de la connaître d’un peu trop près, son Histoire.
Il avait même l’impression que c’était son Histoire qui le connaissait.
"C'est bien mon chéri."
Un ton lisse et une main parfaitement manucurée frôlant le papier glacé d’un quelconque magazine ; cette indifférence ne lui était pas étrangère mais cette fois…cette fois c’était urgent et aucune de ses nourrices ne savaient répondre à ses craintes irrationnelles.
"Mais...vraiment, Mutter! Je...ça me fait peur! Il y a du bruit et des épées et de chevaux et du...bruit!..."
"Mh-hm, très bien...va jouer..." Sa mère daigna lever un instant les yeux de son magazine, son regard violet froid et empreint d’une certaine menace moralisante. "…mais pas dehors, n’est-ce pas Roderich ? Tu ne vas pas t’attirer des ennuis avec ces petits chenapans du parc." Sa main se crispa en serre menaçante. "Tu seras raisonnable. "
"…Oui, Mutter. "
Comme tout petit garçon de huit ans bien sage, il s’avisait d’écouter et d’obéir, jusqu’à ce qu’il se détente et aille voir plus loin du bout de son nez. Et à cet instant là comme par le rouage d’une mécanique infaillible, les ennuis recommençaient.
"Pfffft il bouge plus…c’est plus drôle du tout !"
"On lui prend son pantalon comme la dernière fois ?"
Le petit garçon se mordit fort la lèvre pour ne pas laisser échapper un couinement d’embarras, restant fermement recroquevillé au sol en attendant que ses petits camarades cessent de ricaner et…s’en aillent ? Ce serait bien. Ce serait merveilleux.
Nous disions donc. L’honneur. Notion intéressante lorsque l’on a environ 8 ans et que l’on se fait taper dessus à l’école.
Il apprit qu’il y avait deux types de personnes : les nobles et les manants. Il n’aurait jamais deviné, cependant, que la jalousie de ses camarades de classe par rapport à son statut de petit riche eut pu lui révéler autre chose. Comme le fait qu’il y avait aussi des forts et des faibles. Et en ce moment, à l’occurrence, il faisait partie des faibles…
"Allez-vous en ou je…je…" il murmura pathétiquement, le visage strié de larmes et de tâches de boue. Il avait mal…mais c’était surtout l’état de ses vêtements qui l’inquiétait. Mère ne va pas être contente. Elle va encore m’enfermer dans la salle de musique jusqu’à ce que je connaisse ma leçon les yeux fermés. La pensée même lui procura un frisson terrifié.
"Ou quoi, sale snob ?" Il entendit un craquement sec de verres de lunettes sous un pied et ferma les yeux forts. Non…ne résiste pas. Les laisser faire, attendre que ça se passe, c’était bien plus....raisonnable.
Dans ses rêves, c’était à peu près comme ça. Mais on finissait bien par venir à son secours. Roderich attendait bien patiemment que l’on vienne à son secours ; il dut attendre longtemps. Il devait serrer les dents et endurer.
Endurer en sachant que peu à peu, les jeux s'inverseraient. Oui, sans doute, ce serait plus qui allait devenir plus fort, encore et encore. Pourquoi? Par...honneur. Pour faire plaisir à ses parents. Ou du moins ne pas décevoir leurs attentes.
Sa famille était une peinture à l’huile parfaite. Lisse, belle, élégante. Convenue. Sans aucune substance au-delà du jeu des surfaces, de l’apparence. Sa mère. Sa mère, la beauté des valses de Vienne à la chevelure dorée tombant avec une grâce languide le long de son dos. Elle avait sa pâleur délicate et ses yeux bleus. Il n’avait pas encore le sourire froid et arrogant qui s’ajoutaient à ses traits fins et semblaient étrangement accentuer sa beauté.
Elle était la coqueluche de ce monde de mondanités, de plumes, d’alcool et de musique dans lequel elle virevoltait dans un nuage de parfum. Et elle aimait parfois le sortir et le montrer à ses amis, le détaillant comme si il était une bête de foire, participant aux gloussements distingués et hypocrites lorsque le regard du petit brun croisait le regard d’une autre petite héritière bien sagement assisse à côté de sa mère et imitant ses moindres gestes. Il l’admirait et il la craignait, cette maman si belle et si cruelle à la fois, qui lui caressait la tête avec tendresse en public. Et, lorsqu’ils étaient seuls, choisissait ou de l’ignorer ou de lui inculquer le "sens des valeurs ". A sa manière.
C’était seulement naturel de se faire punir si on n’était pas encore à la hauteur. Non, naturel de se faire punir afin d’être à la hauteur. Règles, principes, discipline. Tout autant de coups de bâtons, abattus sur une surface d’un geste sec, sévère, menaçant. D’heures passées à réciter.
A devenir parfait.
Quant au père…c’était un homme réservé et poli, souvent absent. Lorsqu’il revenait, il lui amenait des partitions et semblait se réjouir de ses progrès en solfège, bien qu’étant trop pris par les affaires pour lui enseigner lui-même. Il l’aimait, oui, peut-être davantage. Peut-être parce qu’il n’eut jamais à recevoir une réaction négative ou indifférent. C’était un modèle sur lequel il pouvait placer n’importe quel idéal.
Il s’était mis au piano avec une détermination farouche suite à une seule remarque du cher paternel à propos de la noblesse de cet instrument. Oui, déjà bien têtu.
Oh, non. Roderich n’était pas malheureux, dans ce monde. Mais il n’était pas heureux non plus…
Juste un ‘vide’ impalpable, anesthésié, sans réelle chaleur.
Il se dit que cela était sans doute peu important. Et il semblait oublier ce manque en jouant au piano.
Ce qui avait commencé par une manière de faire plaisir à ses parents, même une obligation, celle de montrer un talent...devint une passion. Oui. Il ne pouvait le nier, ce sentiment étrange, ce battement de cœur qui s'accélérait soudainement lorsqu'il produisait ces harmonies célestes de ses petites mains blanches, le rose délicat qui teintait ses joues. Les morceaux lui parlaient. Chopin, Beethoven et Mozart étaient comme de vieilles connaissances qui lui disaient....
Tu n'es pas seul.
Presque pas seul.
"J’ai vu Mozart dans un rêve et il m’a serré la main j’en suis sûr ! "
"C’est bien chéri, c’est bien, je suis sûre que le Mozart du rêve veut que tu ailles faire tes gammes. Pour faire plaisir à Mutti. Mutti aimerait bien d’ailleurs que ça soit
parfait pour le cocktail de ce soir,
est-ce bien clair mon chéri "
"Oui, Mutti…"
Presque pas seul.
Mais il le savait bien, au fond. Que, alors qu'il grandissait, ce vide restait encore. Il joua de plus en plus et se préoccupa de moins en moins des…autres. Les "autres", qui semblaient ressentir sa faiblesse comme des prédateurs expérimentés. Il fit tout pour dissimuler tout ce qui pouvait le trahir. Pourquoi l’exprimer envers le monde alors qu’il pouvait l’exprimer en musique ? Les notes sur une feuille blanche devinrent son exutoire. L’exutoire pour ce vide étrange, exaspérant, qu’il n’arrivait pas à comprendre. Cette soif de…quelque chose.
Cette chose inexplicable.
Le plus il jouait et le plus il devenait efficace.
Parfait.
"Mutti…Pardon, Mutter…je suis sûr que ça veut dire quelque chose ces rêves. Il y en a un où je finis par gagner. Enfin ou je m’allie pour gagner…et…enfin…ce n’est pas très clair." Le petit brun était pensif. "Ils ne peuvent pas être au hasard…"
"Bon sang Roderich, je ne suis pas Sigmund Freud, je n’en ai rien à faire de tout cela ! " Elle se faisait plus glaçante, impatiente.
"Pardon… " Il soupira légèrement. « Mais c’est…étrange non ? "
"Je ne veux pas d’un fils étrange, mets-toi bien cela en tête. "
"…Bien sûr, Mutter. "
Une statue de glace aux manières irréprochables, à dix ans d’âge. Le plus il jouait et le plus cette aura de virtuose (parce que tous s’accordaient sans équivoque à dire qu’il était) se rajoutait à sa frêle apparence, lui donnant une nouvelle force. Celle de regarder le monde avec une nouvelle assurance de sa supériorité, de son honneur. D’y trouver des rouages qu’il pouvait comprendre, analyser, utiliser à son propre avantage. Afin de tout prévoir.
Toujours avoir raison.
"Vous avez tort. " Sa mère regardait autour de la petite salle de classe désormais vide, avec dédain. Même dans une école privée elle n’avait guère envie d’être vue dans un tel environnement, grotesquement peu adaptée à sa personne. L’institutrice avait l’habitude.
"Je vous dis que votre fils est derrière tout cela, Madame. Je ne sais pas comment mais…"
Elle jeta un coup d’œil incertain envers l’enfant sagement assis à côté de sa mère, mais l’implorant nerveusement du regard.
"Et alors si quelqu’un a défendu mon fils ?! Je veux dire, ce n’est pas de sa faute si deux brutes se tapent dessus dans une cour de recréation ! "
Elle croisa les bras, de plus en plus incertaine. "Oui mais…c’était…enfin…cela semblait assez élaboré. Bien trop pour ces deux là en tout cas. "
Roderich joua nerveusement avec sa mèche alors qu’on le toisa, reniflant légèrement,
soudainement. "Je lui ai promis des bonbons si il mh…si il était mon ami et il était en colère quand Andras s’est mis à me menacer ! " Il toussa d’un air subtilement malheureux.
"Est-ce si mal….? Je…je vais être puni ?"
Son institutrice se confonda en excuses. "Non, non mon petit ! C’est…enfin…ce n’est pas exactement bien si ton ami a….mal interprété…mais…"
Il la regardait avec surprise, à la fois soulagé et étrangement satisfait. Il regardait sa mère d’un air appréhensif, s’attendant à une punition. Mais elle semblait presque fière. Tout cela était fort confus. Et les choses n’allaient pas en s’améliorant dans ce registre.
"Mutter...pourquoi ils nous prennent des choses? Vous n’allez pas les arrêter...?"
Elle soupira légèrement, grimaçant comme si un maux de tête la saisissait- il avait remarqué non sans dépit que cette réaction était fréquente le concernant - balayant sa question de côté d'un geste languide.
"C'est pour que Mutter puisse faire de la place pour…euh…s'acheter encore plus de choses, mon chéri. "
"Ils ont dit que c’était parce qu’on n’avait pas payé le… " Il frissonna. "…N’avez-vous pas froid, Mutter… ? "
Son regard le glaça bien davantage. "…Ne geins pas tant ! Et n’écoute pas ces ouvriers pathétiques qui jacassent entre eux. Va faire tes gammes comme un gentil garçon,
Mutter est très fatiguée. Qu'est-ce que tu attends?"
"C'est que...j'ai...j'ai une lettre." Il la regardait d'un air un peu appréhensif. "...Tu étais occupée et je...je l'ai ouverte. Mais j'ai pas tout compris."
"Arrête de bégayer. C'est "JE N'AI" pas tout compris. Et....pardon? Toi, une lettre?" Elle lui arracha des mains d'un geste de rapace, avec venin et envie. "Ca vient de ton père? Où est-il?!"
Il pâlit un peu, la gorge nouée.
"Non non de...Académie....quelque chose." Il regarda ailleurs, sentant la nervosité lui monter à la gorge mais faisant de son mieux pour la réprimer. "Je com...je ne comprends pas...ils disent que j'ai été accepté pour...représenter ma nation? Oh..." Son regard s'éclaira. "...peut-être à un récital de piano?"
"Non..." Sa mère se levait, pliant attentivement la lettre. "Absolument pas."
Son estomac était noué, son cœur battant. "...C'est--pardon, est-ce que c'est....quelque chose de mal ?"
Il sursauta à sa main, tapotant doucement sa tête, la fixant d'un air incrédule.
Elle souriait.
"Non...c'est très, très bien. Bravo, Roderich. Tu as réussi."
"Réussi...?" Il murmura, encore sur ses gardes.
"Réussi à rendre ta maman fière...ta famille fière." Elle soupira d'une satisfaction arrogante qu'il prit pour du bonheur alors que son cœur était soudainement léger de nouveau. "Finalement tout se remet en place..."
"Tout...? Je...pardon, mais...je ne comprends pas."
"C'est très simple. Tu vas aller étudier dans une école pour devenir un représentant de nation. Tu vas être un symbole pour ton pays. Pour ta famille." Elle rajouta avec un rictus, "Pour moi."
"Mais je dois...partir...?" Il tira sur sa manche. "...Je ne veux pas partir d'ici..."
"Roderich, ne sois pas ridicule. C'est ton destin."
"Mon destin n'était pas d'être le meilleur au piano...?"
"C'est fini ça. Ca....cette Académie...c'est bien plus important." Elle posa deux mains délicates et fermes sur ses épaules et il avait l'impression que le poids d monde entier s'appuyait dessus. "Beaucoup de personnes comptent sur toi pour les représenter à présent. Un Edelstein, représentant de nation..." Elle lui accorda un rare sourire d'approbation. "C'est un atou—euh…un…une occasion exceptionnelle. Puisses-tu représenter l'honneur de ta famille correctement à travers ce rôle…"
"Ils parlent de rêves… " Il murmurait, lisant encore et encore ces quelques lignes. "C’était ça….depuis tout ce temps… "
"Peu importe le rêve ! " Les yeux bleus de sa mère étincelaient un peu trop, agrippant ses épaules, y enfonçant ses ongles pourpres. "Ce qui importe c’est notre avenir…enfin…ton avenir, mon enfant. "
C’est ainsi qu’armé de ses rêves et de ces ambitions énigmatiques, il arrivait aux Etats-Unis. avec sa valise (et cinq autres vu les précautions paranoïaques de sa mère). Et arriva à cette étrange Académie. Oh, ce n’était pas évident ; sa timidité mêlée à sa délicatesse gâtée, sa petite nature habituée à ce qui était bien moins rude que le choc des cultures. Et pour un enfant habituellement seul pendant les premières années de sa vie, le choc de ces êtres dont le visage était nouveau mais dont la présence était familière, comme un lien inébranlable qui se mêlait à son sang, ses rêves…non, ses souvenirs. Des souvenirs d’une autre vie, qu’il devait apprendre à parcourir à travers les pages de son Histoire…et à travers les parcours dictés par un énigmatique projet d’immersion dans le passé, une machine divine et maudite à la fois pour les visions qu’elle révélait.
Roderich pouvait sentir ce qu’il avait senti toute sa vie : le tracé d’un chemin. Mais cette fois ce chemin se répétait différemment. Faible et timide, il y avait dès à présent quelqu’un à ses côtés. Plus assuré, il avait quelqu’un à confronter au lieu de se réfugier dans la musique. Il avait quelqu’un à protéger…ou à ordonner, avec la passion et la sévérité d’un grand frère sans qu’il ne comprenne tout à fait pourquoi tant de rigueur fraternelle était nécessaire pour maintenir un semblant d’ordre universel. C’était ainsi, c’était tout. Et malgré son calme courtois, il aurait été difficile de ne pas percevoir l’arrogance qui le laissait se placer au centre d’un certain ordre moral. La passion sanguine de se désir de posséder – les autres, leur approbation ou leur respect – se construit en alliance, se changea en amitié s’adoucit en amour qui s’effrita à son tour, en un cycle vicieux.
Puis soudain à 18 ans, on ne sait plus si on a suivi cette Histoire tout tracée tout au long
ou si elle a échappé de son contrôle. Et pire…
On ne sait quelle alternative des deux serait la meilleure.
Peut-être que l'Histoire le dira.
Et peut-être qu'elle se taira.
◆ FAMILLE ✯ L’Illustre et Noble Famille Edelstein se complait à montrer que ses ancêtres peuvent être retracés depuis siècles, que l’un d’entre eux s’est sans doute distingué auprès d’un Empereur, ce qui a mené à un titre privilégié et un trésor familial qui demeure, somme toute malgré leurs divers problèmes à s’adapter à ce XXème siècle tumultueux, assez considérable. Tout cela fait de la famille Edelstein une famille très large avec d’innombrables cousins, tantes, oncles, grands-parents et grands-oncles qui semblent émerger de chaque recoin de l’Autriche à chaque réveillon passé à Vienne. Or, pendant les moments habituels de l’année, ces moments du quotidien et de l’enfance de notre autrichien, le manoir viennois demeure pour le moins désert.
Le père, Jacob Friedrich Edelstein semble déroger à la règle habituelle voulant que tout aristocrate (ou du moins tout être se mariant à une aristocratie si riche que c’en était obscène), ne s’avise plus de travailler un seul jour de sa vie. Fort le contraire le concernant étant donné qu’il s’est avisé de se plonger dans son travail et d’éviter le luxe si tentant d’un confortable chez-soi auquel il rentrerait chaque jour de la semaine avant 23 heures. Ainsi, Roderich le verra toujours comme un être distant et détaché, calme et autoritaire, difficile à aimer mais très facile à aduler (forcément – comment peut-il avoir de défauts s’il n’est jamais là pour les révéler ?). Il n’imposa jamais rien sur son fils – pas même sa religion. Mais cela ne fit que créer un vide de plus en plus pesant qui mena finalement au rejet.
La mère semble donc se porter garant d’un certain équilibre conjugal, profitant de toutes les richesses que son héritage ancestral peut offrir en s’avisant de ne jamais quitter sa maison, si ce n’est pour s’adonner à des évènements fastueux et clinquants, qui s’emblaient s’articuler en un manège hypocrite entre soirées décadentes et matinées dominicales repentantes au sein d’une bienséante congrégation catholique – religion qu’elle s’avisa d’empiler en couches de culpabilité et de punition divine sur son fils, elle. Belle et fière jusqu’à la névrose, elle endetta sa famille mais resta campée dans son canapé avec un verre de vin et une cigarette alors qu’ils coupaient le chauffage et hypothéquaient la moitié des meubles. Son indifférence par rapport au reste du commun des mortels était après tout bien plus efficace comme forme de déni. Obsédée par la réussite de son fils tant qu’elle lui permet de se faire bien voir, et obnubilée dans un élan virant au malsain par l’idée de le fiancée richissime, il est certain qu’elle se plaît à influencer et contrôler une bonne partie de sa vie, telle une impératrice capricieuse. En certains aspects, il tient beaucoup de ce sang impérial et maladivement possessif qui se veut parfois maternel, de manière désespérée et déchirante.
◆ VOUS AVEZ L'AIR DE QUOI ? ✯Il serait fort peu convenable de ne pas pouvoir regarder qui que ce soit de haut, en tant qu'aristocrate; pour cette raison, le notre a eu la chance d'être relativement grand pour son âge. Malheureusement pour lui, le fait d'être en proximité relativement régulière avec plus grand et plus fort que lui a de quoi...réduire l'effet d'ensemble. Je vous prie de consulter la gent germanique pour davantage de détails. Il est certain que Roderich n'a pas exactement une corpulence d'athlète grec...mais il n'a pas celle d'un Bacchus pour autant. Oh, il sera le premier à l'avouer: il manque d'exercice, et ce parce qu'il n'a jamais envie de s'abaisser à ce niveau, ni envie de se pencher pour ramasser quoi que ce soit quand quelqu'un peut le faire à sa place. Peut-on le blâmer?
Certains physiques ne sont pas faits pour les rigueurs du monde extérieur et si ces bras sont suffisamment forts pour soutenir une demoiselle en pâmoison ou un archet de violon...ils ne le sont pas pour couper cent bûches dans la forêt la sueur au front. Néanmoins, la quantité de sucre qu'il absorbe quotidiennement n'aura pas réussi à émousser une musculature discrète mais néanmoins présente (si, si), complémentée par une taille relativement fine. Cette silhouette délicate mais point malingre est certes aidée par un port de tête impeccable.
Qu'est-ce que cela? La tête bien haute, le dos bien droit, les épaules bien en arrière. Roderich possède des talents souvent inutiles - pouvoir marcher avec grâce et fluidité avec un gros livre perché sur sa tête en fait probablement partie. Par ailleurs, il ne brisera presque jamais ce port royal par un pas de course disgracieux - le brun ne se presse jamais, sauf si la sécurité du piano est remise en cause. Non, il marche d'un pas lent mais décidé, tel un conquérant serein et sévère qui n'a plus besoin de prendre le dessus car les jeux sont faits d'avance. Il n'est jamais question de paraître relâché en public. Toujours droit ou élégamment assis dans un fauteuil, comment si il posait pour une peinture à l'huile qui pourrait prendre plusieurs heures. Pas de bras qui se balancent, pas de sifflotements, vous ne le verrez jamais le dos recourbé, les mains dans les poches, avachi vulgairement dans un canapé ou adossé à un mur. J'aimerais dire que Roderich Edelstein garde la même grâce quand il s'assoupit soudainement dans ledit fauteuil, parce qu'il n'a pas eu ses dix heures de sommeil ou par flemmardise pure et simple...mais nul n'est parfait. Heureusement que le brun lui-même n'est en pas conscient à ces moments là, par ailleurs. Par la même chance, il réussit à se convaincre que maintenir le même degré d'élégance après s'être perdu dans le rayon "confiseries" du supermarché va masquer le fait qu'il tourne en rond depuis une demi-heure tout en implorant à Ludwig de venir le chercher. Peine perdue.
Roderich Edelstein ne paraîtrait pas être la personne la plus expansive du point de vue du langage corporel - après tout, ressembler à un portrait à l'huile du XIXème siècle et en prendre la pose rigide et cérémonieuse ne s'y prêterait pas. Or, peut-être qu'il s'agit des lointaines racines latines de l'autrichien ou de ses talents de musicien, mais Roderich s'exprime beaucoup avec ses mains. Que ce soit un geste las et languide ou un pointage du doigt impérieux et sec, ses mains délicates aux longs doigts fins sont rarement immobiles à ses côtés. Et lorsque ces mains se posent sur le clavier d'un piano, elles s'animent avec une passion et une fluidité sans pareille. On notera que le contexte est important dans ce genre de descriptions. Pourtant notons aussi que ces gestes s’adaptent à un nombre surprenant de contextes.
Le corps est une chose; ce qui intéresse l'autrichien au vu du corps, malgré sa susceptibilité évidente quand on lui fait remarquer qu'il mange trop de cupcakes et ne fait pas assez de sport, c'est surtout ce qui le recouvre, ce corps.
Jamais, au grand jamais, l'autrichien ne se lèvera en panique pour enfiler le premier tshirt et le premier jean venu, sans même vérifier si il doit être lavé. Non, tout est arrangé, planifié et co-ordiné avec une obsession de métrosexuel. De métrosexuel radin, attention. C’est un concept. Car si Roderich n'est pas près de flirter avec le premier jean bon marché, il n'achètera jamais quoi que ce soit avant de regarder le prix avec une intensité effrayante, ou avant de négocier avec le vendeur jusqu'à ce qu'achat à rabais s'ensuive. Si cela ne marche pas, il se contente de recycler ce qui est vieux - ou, selon lui, ce qui a résisté aux épreuves du temps. Alors qu'est-ce que cela donne quand on est obsédé par une apparence soignée mais que l'on ne fait pas dans le clinquant luxurieux dernier cri? Roderich appellerait cela "sobre et élégant" pendant que le reste de ses congénères approchant la vingtaine appelleraient cela "un appel au secours". Il porte surtout des couleurs froides, ou sombres - bleu marine, indigo, noir, gris. Une chemise bien ajustée (et surtout bien boutonnée), un pantalon bien taillé, des chaussures en cuir bien classiques et une veste élégante font son bonheur. Parfois, pour les grandes occasions, il sortira un smoking. Oui, oui, un smoking à la Arsène Lupin (et probablement aussi vieux que le roman). Et oui, pour couronner le tout, il aime bien les jabots. Quelqu'un de bien intentionné a bien dû tenter de lui expliquer que les jabots cela passe cinq minutes dans un bal masqué mais rarement en réalité... et Roderich n'en a cure. Dans le même ordre d'idées, il n'imaginerait pas sortir dans la rue sans mettre des gants - ce qui rendra sans aucun doute ses sorties en boîte mémorables, si il y en a. Démodé? Risible, même? Peut-être, mais Roderich sait pertinemment que cela lui va bien mieux qu'une paire de baskets et un jogging - une torture réservée aux cours de sport qu'il n'a pas réussi à sécher. Et il a raison. Même l'uniforme scolaire aux couleurs criardes lui va mieux qu'un jean, c'est dire...ou du moins c'est ce qu'il préfère se dire. Car qui sait à quoi il ressemblerait en skinny jeans avec une barbe de trois jours? Pas à Roderich Edelstein, c'est certain, donc la conversation s'arrête là en ce qui concerne le brun. Ce que la plupart ne savent point, c'est que sous cet extérieur old-school se cache une apparence bien moins glamour. Vous vous souvenez de ce petit côté radin si charmant? Hé bien les vieux caleçons raccommodés sont inclus dans le lot, sagement rangés dans son tiroir à côté de ses mouchoirs en soie brodés de ses initiales. Quand la radinerie n'a aucun risque de se révéler aux yeux de tous, elle fait apparemment des ravages. Habituellement si on le surprend avant sa toilette matinale, ce sera donc en vieux tshirt miteux et en caleçon rapiécé...avec de surcroît un petit détail que l'on ne remarque pas facilement sous ses couches successives de vêtements en temps normal: une chaînette à laquelle une petite croix dorée se balance. Son catholicisme non plus ne se partage pas tout à fait avec tout le monde, après tout...ou alors ce collier fait partie des choses qu'il porte sans plus y penser, par devoir ou par habitude...ou un peu des deux.
Mais la noblesse de la silhouette et du vêtement sont une chose; le visage se doit de refléter le même panache nonchalant aux traits héréditaires. Roderich fait partie du type de milieu où le visage du dernier-né devient un espèce de puzzle spéculatif dans lequel tout un chacun reconnaît les pommettes saillantes du grand-oncle qui structurent ce visage et l'affinent tout en le rendant plus sévère, le nez élégant quoique un peu long de l'arrière-arrière grand mère, les lèvres finement tracés mais un peu dédaigneuses du grand-père, qui forment souvent un sourire courtois ou arrogant, très rarement un rire à pleine dents. Il a eu la chance d'hériter des traits fins de sa mère et le malheur de devoir donc entendre cette remarque répétée par des bataillons d'invités et de cousins éloignés en manque d'inspiration. C'est un visage d'intérieur, de portrait de famille, de coussins et de valses, aucunement hâlé ou abîmé par le monde extérieur où il souhaite rarement mettre les pieds; son teint est pâle et sa peau délicate, l’épiderme d’un jeune homme qui préfère ne point trop s’exposer au soleil et aux situations dangereuses de la vie.
N'importe quelle entrave quoique temporaire à cette peau de porcelaine laissera sa marque relativement longtemps, expliquant la réticence du brun à s'exposer à n'importe quelle situation hasardeuse.
Cadrant ce visage charmant et désuet, ses cheveux d’un brun chocolaté sont peignés en arrière dans une coiffure qui semble prendre beaucoup de temps à faire et très peu de temps à décoiffer entièrement. Ces mèches légèrement ondulés tombent parfois jusqu’à mi-cou, fines et soyeuses...ce après des heures passées à les préparer, étant donné qu'au réveil elles lui tombent sur le front en mèches raides et désordonnées. La seule rebelle du lot après cet effet coiffé-décoiffé, c'est cette étrange mèche qui dépasse presque à la verticale par rapport au restant de sa coiffure. Il est très tentant de tirer dessus; il est peu conseillé de le faire.
Personne ne dira à Roderich d'où il a hérité son grain de beauté, ce petit point parfaitement rond et délicat placé juste dans le coin en-dessous de ses lèvres, à gauche, comme la marque de finition d’un visage noble (ou une petite tâche de chocolat noir accidentelle, car Dieu sait que ce n'est pas un scénario impensable en ce qui concerne l'aristocrate gourmand). Depuis qu'il a fait la malheureuse (ou heureuse) découverte de ses effets...il comprend mieux pourquoi.
Il n’y a rien de rugueux ou de brutal dans ce portrait et il possède en ce sens, une harmonie sereine d’un monde depuis longtemps révolu, et dont plus personne ne se soucie. Une harmonie gracieuse que l’on a généralement tendance à oublier, de plus, à cause de l’expression froide et intransigeante qui s’affiche derrière ses lunettes, ne donnant pas la chance à ce genre de pensées de se former. Ses yeux sont d'un bleu sombre d'une rareté prétentieuse et délicate, et leur couleur n'accentue généralement que la froideur et la sévérité qui en émane. Et parfois, rarement, toute la passion et l'éclat dont ces yeux sont capables se manifeste sans prévenir, brisant ce joli portrait convenu et figé.
◆ CA SE PASSE COMMENT DANS VOTRE TÊTE ? ✯ The Emperor
L'autorité, l'exigence sans concessions du respect, la sévérité impérieuse et quelque peu paternaliste. Autant de traits de caractère qui définissent l'Autrichien aristocrate et qui lui sont souvent reprochés et contestées au vu de son jeune âge, bien évidemment. Mais ce que beaucoup prennent comme de l'insolence, lui semble prendre comme un droit acquis, évident. N'a-t-il pas toujours été le jeune maître de la maison dont les desirs sont des ordres? N'est-il pas logique de demander aux autres le meilleur d'eux-mêmes.... du moins en ce qui le concerne? Certes, son arrivée à l'Académie encore enfant lui a empêché de grandir entièrement dans un environnement si délicat et fragile où il pouvait obtenir ce qu'il voulait. Pourtant, paradoxalement, cette fâcheuse tendance semble avoir pris de l'ampleur au fil de sa scolarité. Oh, il s'inclinera sans hésitation devant les figures d'autorité qui lui sont nettement supérieurs...par contre ses camarades de classe auront très rarement accès à cette bonté. Malgré son aspect délicat, calme et courtois le brun est têtu comme un âne et dans une certaine mesure persuadé qu'il agit pour le bien de ses camarades en leur dictant ses quatre volontés à la moindre occasion. Fier et obstiné, il a l'attitude dédaigneuse d'un conquérant aristocrate qui ne se salit jamais les mains mais s'attend bien à ce qu'on le fasse pour lui, et sans protester.
Avec son éloquence, et un certain degré de manipulation, il attend habituellement que la solution a sa paresse ou sa désobéissance se manifeste après avoir cédé par pure lassitude. Roderich emploie la persuasion, l'obstination, la logique (du moins la sienne) mais très rarement la force, pour ne dire jamais. Et si l'on s'oppose à lui avec violence... ? Eh bien, il a probablement tout intérêt à avoir un garde du corps. Même si, dans certains accès de colère, il n'est pas exclu qu'il se retrousse les manches et se débrouille...avec un effort vaillant du moins. Mais avant cela il aura fallu que bien du venin s'écoule à travers ses paroles. Oh, cette langue capable de tant de politesse peut devenir celle d’une vipère. Après tout, une gifle ou même un coup de poing bien placé peut abîmer ses mains plutôt que son adversaire. Un commentaire bien placé vise souvent juste...bien que ses conséquences soient à prendre en compte.
C'est peut-être cette réticence à user de force brute, en partie faute d'en avoir, qui qualifie souvent Roderich d'attraits féminins en termes peu gracieux aux yeux de ses adversaires peu imaginatifs (les intéressés se reconnaîtront). 'L'insulte' a de quoi le rendre plus perplexe que vexé de nos jours : certains membres du genre féminin lui paraissent bien plus terrifiants que la norme masculine - d'autant plus quand on les sous-estime. Non, somme toute, cela ne l'empêche pas de dormir la nuit. Il peut être fort diplomatique, évidemment...mais seulement lorsque cela lui convient le plus. Et rarement dans une situation où c'est à lui de faire la révérence.
Est-ce qu'il y a un point positif, plus chaleureux à soutirer de cette personnalité rigide et exigeante ? Oui, sans aucun doute, vu d'une certaine façon... Car si il s'avère aussi sévère et dominateur, c'est le plus souvent par désir de garder ceux à qui il tient plus près de lui. Chose maladroite, propice aux tensions ? Souvent. C'est souvent comme si il essayait d'être un grand frère tout en manquant de la bonhomie et de la chaleur que cela implique. Ce qui peut changer bien de bonnes intentions en désastres. Et changer ce qui devait être de la tendresse et de l'attention en possessivité brûlante. C'est lorsqu'il n'est pas dans son élément qu'il peut s'énerver ou se mettre en colère (car oui, il y a de légères nuances entre l'un et l'autre). Et tantôt l'un survient, tantôt l'autre. Tantôt cette frustration de petit aristo gâté est assez amusante, tantôt son désir compulsif d'ordonner son monde selon sa propre mécanique réglée comme une horloge de logique et de principes moraux, devient étouffante et glaçante. Roderich Edelstein fait beaucoup de compromis mais quand le verdict tombe, il tranche avec sévérité. Autant envers lui-même qu'envers les autres.
Roderich se voyait à un moment donné comme ‘innocent’ ; du moins innocent de mauvaises intentions et de mauvais choix. Après tout, il ne faisait que suivre les règles de bienséance, de noblesse ; et en termes d’histoires, de relations…ne faisait-il que suivre son Histoire et toutes celles qui ont croisé son chemin, comme de multiples fils d’or constituant une immense tapisserie ?
Mais cette innocence, quelque part, a pris un tournant plus froid, plus désireux de tout contrôler au lieu de laisser un certain destin historique le tourner en pantin ou victime. Par manque de confiance en lui-même ou manque de confiance envers les autres ? Par complexe de divinité ou d’infériorité ? Peut-être les deux. Mais à force de jouer à devancer son propre destin, on y laisse forcément des plumes. Mais ne demandez pas à Roderich d’avouer qu’il ne sait pas ce qu’il fait mais persiste par fierté, qu’il n’est guère un aigle à l’effigie de son pays mais un Icare volant bien trop près du soleil.
The Hermit
Pour ces traits de caractère pleins d'arrogance et de droiture qui dessinent son portrait (à la moue dédaigneuse et sévère), il est très facile de chercher soit à éviter d'énerver Roderich, soit de chercher à le sortir de ses gonds. Il est également facile de comprendre que Roderich n’est pas forcément l’être le plus sociable au monde….ni celui que l’on veut forcément fréquenter ! Soyez honnêtes : vous allez en virée nocturne hors de l’Académie, qui choisissez vous, le bon vivant aventureux ou le premier de la classe habillé en croque-mort qui vous somme de rebrousser chemin avant 22h ? Après tout, s’exposer à une diversité de personnalités susceptibles d’agir de diverses façons désordonnées est épuisant et agaçant…et malgré les talents de pédagogue de Roderich, il a moyennement envie de s’amuser à cela pendant ses moindres interactions. Il a donc tendance à éviter tout bruit, toute agitation…inutile. Et toute vulgarité familière trop gênante pour lui. Ainsi l’autrichien est d’un naturel plutôt calme…au pire indifférent, au mieux serein. Pour lui, rien ne vaut une après-midi au calme, avec sa musique, bien au chaud.
Un grand-père avant l’heure ? Oui dans un sens, Roderich apprécie peut-être un peu trop sa petite routine. Mais il préfère de loin ce genre de routine à des imprévus et des impolitesses fort peu bienséantes. Pruderie… ? Oui et non. Le brun n’est pas aussi innocent et naïf qu’il ne laisse paraître au prime abord avec son look sage et ses tendances un peu XIXème. Après tout, il a eu le temps pendant toute sa scolarité de s’intéresser à la question….éventuellement. Tant bien que mal. Mais ne vous attendez pas à pourvoir le traîner n’importe où pour autant. Il demeure naturellement réservé et peu expansif en ce qui concerne tout étalage indécent. Et il n’est pas exclu qu’il fasse mine d’être plus intimidé et naïf qu’il ne l’est vraiment pour se sortir de certaines situations…Ou c’est ce qu’on aimerait croire, vu son savoir en certains domaines et sa candeur bien trop stupéfiante face à d’autres.
The Lover
C’est une révélation incongrue pour ceux qui ne le connaissent pas mais une évidence pour ceux qui en savent un peu plus, sans forcément creuser bien au-delà de la surface de marbre. Somme toute…Roderich n’est pas aussi froid qu’il n’y paraît, tout au fond. Non, il n’a rien de cruel ou d’impitoyable en lui qui le pousse à ne considérer personne au monde et ne suivre que ses propres désirs. En réalité, ces efforts pour se distancier quelque peu du monde et des autres, et de leurs imposer tant de dédains impériaux et de règlements odieux, seraient bien moindres si il ne se protégeait pas lui-même, inconsciemment. Roderich aime à penser qu’à force de règles et de principes, on s’oblige à ne pas forcément suivre ses instincts et ses passions. Bien sûr, il se trompe ; ces passions transparaissent toujours d’une manière ou d’une autre et sous son aspect las et sobre, l’aristocrate a bien plus de curiosité et de passion pour le monde qu’il ne souhaite l’avouer. Mais somme toute, ce qu’il pense cacher à tout le monde il finit somme toute par révéler jour après jour : son âme d’artiste s’épanchant comme un damné sur les touches de son piano, y cherchant avec une passion brûlante des mélodies qui semblent l’habiter de part en part. Oui, il s’exprime beaucoup à travers cet instrument ; on peut le voir de plusieurs manières. Soit un blocage émotionnel qui l’empêche d’être honnête avec ses sentiments et ne pas mettre sur ses épaules un devoir moralisant que personne ne peut vivre toute sa vie. Soit une sincérité et une passion qui peut entraîner autant d’amour que de ressentiment, mêler sa possessivité et sa colère à une amertume et une tendresse sans égale.
Oh pour quelqu’un d’aussi sobre des sentiments baroques semblent absurdes, trop ambivalents. C’est peut-être bien pour cela qu’il tâche souvent de les cacher, de peur de révéler quelque chose de trop vulnérable. C’est peut-être pour cela qu’il préfère une armure froide et sévère, manipulatrice et autoritaire, plutôt que de s’avouer son désir de ne pas être seul ou oublié. Mais quand on est un être romantique qui se donne des airs de rationalité, la surface finit toujours par se fissurer. On ne saurait ce qui est plus tragique, au final : se dissimuler avec succès ou au contraire se compromettre.
Roderich lui-même n’en est pas bien certain. Pourtant une fois qu’on réussit à aller au-delà de cet extérieur froid ou de lui faire baisser sa garde à double tranchant de fierté et de besoins de prouver quelque chose au monde entier et à l’ordre divin et moral…on découvre quelqu’un qui aime découvrir la vie, la saisir avec une spontanéité sanguine, aimer avec jalousie, douceur, possessivité, sérénité. L’alliance ne rend pourtant que la rupture plus douloureuse. Surtout quand on se croit bien plus modéré que l’on ne l’est en matière d’histoires du cœur. Et face à ce refus têtu de s’avouer tous ses sentiments malgré leur évidence, ce déni face à ce qui lui paraît bon par rapport à ce qui lui paraît « mieux », face à son refus de voir la réalité en face et d’admettre que ses émotions en feront toujours partie qu’il le veuille on non, on ne peut rajouter qu’une carte :
L’Idiot.
◆ CE QUE VOUS AIMEZ ? ✯ La musique classique, sous toutes ses formes...il est plus ouvert à d'autres types de musique qu'il n'y parait mais ne l'avouera souvent pas ouvertement. Le piano...évidemment. Jouer du piano le définit et le passionne, justifie son existence et par la même occasion ses visites de la salle communautaire quand il n'a pas envie de croiser qui que ce soit. Il aime également le café et les pâtisseries, en quantités remarquablement excessives pour quelqu'un d'aussi sobre d'apparence. Il aime tout autant les coupons de réduction.
Les yeux verts, aussi.
◆ CE QUE VOUS N'AIMEZ PAS ? ✯ Les prussiens, en particulier un seul, aux cheveux blancs et aux yeux rouges. Le bruit dissonant, les cacophonies qui ne relèvent en rien du délicat classique, la vulgarité et tout geste déplacé, le café bas de gamme (appelé par le commun de la populace ‘pisse de rat’), les légumes (hé oui), les sports d’extérieur (ou d’intérieur, d’ailleurs…du moins pour la plupart…), les animaux marins (d’ailleurs il ne s’agit pas uniquement d’un dégoût mais d’une peur bien réelle qui mène à une angoisse et un malaise bien ressenti).
◆ TALENT PARTICULIER ✯ Son talent au piano est sans aucun doute le plus important et celui qui marque les esprits avec une empreinte délicate et durable. Son oreille musicale est sans faille et virtuose. A vrai dire, il a plusieurs autres talents plus pratiques, mais ils sont souvent occultés par sa paresse. Ainsi, il cuisine fort bien (quand il s’y attelle et excluant le fait qu’il ne range rien), et peut même coudre (notamment pour raccommoder ses chaussettes).
◆ HABITUDES/TICS ✯ Il tire sur sa mèche à chaque fois qu'il est mal à l'aise ou qu'il ment. Une multitude d'autres petites habitudes ornent (ou encombrent) son quotidien. Ses cinq cafés par jour (avec cinq sucres chacun). Sa manie de prendre deux heures à la salle de bain. Son habitude de se perdre dans les mêmes couloirs qu'il a arpentés depuis des années.
◆ CLUB DONT VOUS FAITES PARTIE ✯ Le club de musique.
◆ LOISIRS ✯ Jouer du piano (on commence à détecter un certain...leitmotiv.), jouer du violon, faire des pâtisseries, se promener et se perdre.
◆ POSTE/EMPLOI ✯ Quel emploi? Un aristocrate n'a pas d'emploi d'abord. Être un héritier doit bien lui servir à quelque chose. Mais.....afin de ne pas dilapider ce précieux héritage, il donne souvent des cours privés aux petits chéris de riches new-yorkais. En priant pour que ses camarades ne découvrent jamais cette triste réalité (pour lui du moins).